La communauté oligatoire VS la solitude vitale.

Publié le 23 juillet 2024 à 12:44

Je suis auteure, ce n’est plus un secret. 

Et en tant que telle, la solitude et l’isolement sont nécessaires. Ne serait-ce que pour écrire : on a souvent besoin de calme et de silence. 

Je passe mes nuits sur mon ordinateur. Certains écrivains préfèrent le jour mais moi, j’aime à dire avec ironie :

_ Je suis une fille de la Night. 

Nul n’est censé ignorer sur la Night des teufeurs, n’est pas la même Night que celle de l’écrivaine. 

Quand je suis réveillée, la journée, ma machine infernale s’allume et chauffe, même en pleine canicule. Et lorsque mes yeux entament une migraine violente m’obligeant à éteindre, pour un moment plus ou moins long, ma bécane électrique d’écriture : je prends un de mes carnets et le noircis de mon Bic bleu ou noir. 

En réalité, je n’arrête jamais. 

Écrire c’est vital! Écrire pour exister pour reprendre ce fameux titre. 

Les histoires fusent. 

Dans ma tête, les mots imaginent des récits. Parfois je les garde. Parfois je les supprime. 

Mais pour mettre tout ça en forme, il faut être 90% du temps seule et tranquille. 

Et comme, plus on en fait, plus on a envie d’en faire. Le calme de l’isolement obéit à la même dynamique. 

Je n’ai pas envie de sortir, me renferme dans ma coquille et les pauvres coups de fils familiaux m’ennuient.

Je ne parle qu’à mon écran. Heureuse, je vis avec mes personnages!

 

Soudain, tout le paradoxe de la condition d’écrivain, vient me sauter au visage ! 

 

Car oui, à partir du moment où l’on a décidé d’être publié ; un constat s’impose :

On doit sortir de sa bulle. 

 

Au début, vraiment, j’étais motivée, déterminée ! 

Guerrière, j’avais établi une stratégie pour vendre mon roman, voire tout ce que j’écris. 

Mais le temps passe… 

Je me rends compte que le succès aujourd’hui, rime avec communauté !

Or, ça fait 40ans que je me cache et que je vis sur mon île d’écriture. 

Comment revenir dans le monde ? Comment agrandir sa communauté ? 

Dois-je séparer mes lecteurs de mes connaissances réelles ? Je comprends vite que non ! Que justement les 10 petites personnes, que constituent la totalité de mes connaissances, sont le terreau de ma communauté de lecteurs. 

Je les mets à contribution…

Je trouve gratuitement des formations pour m’ouvrir aux réseaux sociaux … 

Je passe des heures diurnes devant mon écran, à rédiger des posts et à réaliser de mini-clips sur mon téléphone. 

J’inverse mon rythme. 

Je souffre de cette vie en plein soleil, en totale opposition avec ma personnalité. 

Mais je veux réussir. 

Je dois réussir … 

Si je veux a minima vivre de mes romans, je dois me faire violence. 

 

Ça fait un mois que j’essaie de transcender mon caractère… 

Et tout à coup, je réalise que je suis en train de faire ce que j’ai toujours détesté. 

Les quelques lecteurs de Il pleuvait sur la ville savent que la vendeuse, en moi, n’existe pas. Clarisse me ressemble dans cette particularité : on a aucune aptitude à la vente ! 

 

Alors oui, moi, maintenant, je dois vendre mon propre travail, mes propres récits. 

Je me mens en pensant que cela change tout. Mais c’est faux !

Mon caractère est intrinsèquement opposé à la vente! 

 

Je commence donc à saturer. 

Les efforts considérables que j’ai dû déployer pour aller vers les autres, pour passer des heures sur les réseaux, pour rédiger des mails et des posts personnalisés … Tout ce temps maintenant pour rien ! 

 

Je suis une écrivaine, une artiste … Et donc, je doute. 

Je doute que tout cela soit payant.

J’en vois pour preuve que ma communauté stagne à 100 personnes. 

Quand je pense que les fameux influenceurs ont des milliers de followers, juste en montrant leur corps, en sacrifiant leur vie privée ! 

Je ne comprends pas !

 

Est-ce la lecture qui n’intéresse plus ? 

Où est-ce moi ?

 

En voyant, le nombre de groupe de lecteurs, je comprends, malheureusement que c’est moi!

 

Et le serpent se mord la queue … 

 

Je voudrais à nouveau conquérir une communauté … 

Et il faut que je reprenne, comme le mois précédent … Il faut que je me motive!

 

Sauf que maintenant, je sais ce qu’il en est, ce qu’il m’en coûte … 

Dois-je abandonner et laisser faire la chance ? 

Dois-je à nouveau sortir de mon cocon de calme et de solitude, où seul les mots comptent, pour apparaître dans ce monde lumineux, bruyant et communiquant ? 

 

Oui et non ! 

Laissez-moi le temps de me motiver à nouveau. 

Laissez-moi le temps de retrouver mon isolement sacré pour écrire et flâner. 

Laissez-moi redevenir moi-même. 

 

Plus tard, je reviendrai. 

Plus tard, je remettrai mon masque de sociabilité. 

Plus tard, comme un fameux gouverneur américain : 

_ I’ll be back!

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