Nostalgie du Roucas Blanc à la Soli.
J’habite une grande ville, toute propre, toute jolie.
La cascade de Gairaut, les plages de galets et les arènes de Cimiez.
On s’y sent bien, protégé, en sécurité.
L’Ariane et Les Moulins ne nous ont pas envahis
Et on déambule, plutôt paisible, sous le soleil brûlant de la Côte d’Azur :
Tout nous semble beau et sûr…
Mais au fond de moi, sommeille celle que j’aime et que l’on nomme Phocéenne.
Je n’y ai jamais cru…
J’ai même autre fois détesté ses rues…
Force est de constater que les Marseillais
En moi sont ancrés.
Chaque jour qui passe,
Je revois le Roucas.
Chaque année éloignée,
J’imagine le Panier.
Les minots qui courent dans le parc Borrély,
Les Gandolfi qui tentent la bouillabaisse au Vallon des Auffes
Les Yankees qui fêtent l’OM sur la Corniche-Kennedy
Les parigots qui cherchent « dégun » comme des beauf’s
Les sportifs qui sillonnent les Calanques
Les étudiants qui s’aèrent sur le site de Luminy
Les inconditionnels qui jouent à la pétanque
Les boucans qui nous agacent de leurs paroles et de leurs cris.
Les jolies filles aux robes légères que l’on appelle les Cagoles
Et que l’on pense, souvent à tort, un peu fofolles.
Tous ses jeunes des cités
Qui rôdent qui nous dépouiller…
Et qui, en fait, étaient là, pour patienter.
Tous ces clichés, par les médias véhiculés
Que je ne peux plus m’encadrer.
Allez, leur expliquer, que pour nous, une pile est un évier…
Et que tous les Dominiques sous les influences corses, se transforment en Doumè
Et moi, je me souviens.
Je me souviens.
De tout ce qu’il y avait de bien…
Des familiarités qui m’indignaient
De la chaleur qui m’insupportait
Et de tout le mal qu’on m’y a fait…
Tout cela : effacé !
Je me retrouve aux Borelles, Val pin ou à la Soli…
Je prends le bus à l’hôpital Nord
Et je descends dans la ville, en folie.
J’y rencontre mes amis sur le Vieux Port.
J’attends à Estrangin l’ouverture de la Préfecture ou du Tribunal
Et j’ai le temps d’entendre deux conversations sur le shit et les balles…
Aujourd’hui, je n’ai pas envie de me pomponner ?
T’inquiètes, ici, c’est Marseille, bébé !
Tout le monde y est accepté !
Pas de bijoux ou de talons obligatoires
Pas de papiers ou d’avis dérogatoires
Pour circuler un peu de tchatche, beaucoup d’audace et du sourire dans la voix
Notre accent chantant passe parfois au-dessus des lois…
On s’en fout ! Ici, on n’est pas chez les François…
On est sur notre planète,
On marie le Raï, le Souk et la Guinguette.
La Canebière plonge dans Notre mer
Et en émerge Notre Bonne Mère…
Vous l’aurez compris,
De Marseille, j’ai la nostalgie
Le Maghreb, les Comores et l’Italie
En un lieu réuni…
Trafic et banlieue côtoient la générosité de toutes les générations…
Ma mémoire revient sur le Palais Longchamps,
Les Aygalades ou les escapades à Plan…
Je voudrais retrouver l’incroyable et interminable circulation
Pour entrer à la Fourragère ou à Campagne l’évêque.
J’voudrais traiter de fada mon mec,
Chaler sur mon scoot’ ce jobastre complètement empégué
Et rire jusqu’à en caner !
Le Mistral glacé me forcerait à fermer ma petite veste en lin
Dans les allées de grand V, il y a du monde ? Il y en a Tarpin !
Bref… Jusqu’à demain, je pourrais vous énumérer mes souvenirs,
Que je n’échangerais pas contre un empire !
Marseille restera pour toujours,
Marseille, mon amour !
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